mercredi 6 juin 2007

CPI (Tribunal Pénal International) : Instrument de justice corrompu

CPI (Tribunal Pénal International) : Instrument de justice à la trappe
Etude des cas : « Génocide Tutsi » et « Jean-Pierre Bemba »

Nul n'ignore qu'au moins 75% des instances internationales supposées rendre justice et venir en aide aux personnes en situation particulièrement précaire dans le monde sont sous le contrôle des puissances occidentales telles que les USA, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, la Suisse, la Belgique, etc., qui les gèrent à leur convenance et sans partage. C'est le cas des organismes financiers comme la Banque Mondiale, le FMI (Fonds Monétaire International), de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), des institutions spécialisées et multiples missions de paix des Nations Unies (UNHCR, PNUD, OMS, Conseil de Sécurité, MONUC en R.D.Congo, etc.), des accords commerciaux Nord-Sud (ex. les accords de Cotonou)...Au sein de ces instances, toutes les grandes décisions sont prises unilatéralement par les pays riches au détriment des États les plus pauvres de la planète auxquels même le droit à la consultation leur est souvent refusé.

Les cours des marchés du cuivre, de l'or, du diamant, du pétrole et autres minerais sont régis par l'Occident qui lui-même, tous pays confondus, ne produit même pas la moitié de toutes ces ressources. Autant pour les produits agricoles et pastoraux. Après des siècles d'exploitation sauvage des terres africaines, l'Union Européenne et l'Amérique se sont montrés ingrats en privilégiant sur le plan commercial les pays méditerranéens (Portugal, Espagne, Italie, Grèce), et aujourd'hui, ceux de l'Europe Orientale, avec lesquels ils entretiennent en revanche un partenariat équitable, au nom de la solidarité européenne. On appelle ça cracher sur la main qui vous a nourri.

Au jour d'aujourd'hui, même les instruments de justice devant oeuvrer en toute indépendance subissent le diktat de la communauté internationale (néologisme désignant hypocritement les pays du Nord les plus influents). Le très distingué CPI (Cour Pénal International) n'inspire plus confiance dans les États du Sud qui ont la nette conviction que de nombreux dossiers sont traités négligemment et plusieurs informations traitées relèvent beaucoup plus de la manipulation qu'autre chose. Même les États-Unis s'opposent à l'idée de voir ses GI's en mission extra-territoriale être confrontés au supplice de la justice internationale.

Prenons le cas du génocide rwandais. Nous savons pertinemment bien qu'il y a eu bel et bien des massacres odieux qui ont été perpétrés en 1994 au Rwanda et même au Burundi voisin, lesquels ont été enclenchés à la suite de l'assassinat du président Juvénal Habyarimana (de tribu Hutu). Ses frères Hutus se sont laissés emportés par une vengeance qui a débouché sur une dramatique épuration ethnique. Selon les services de renseignements français, l'actuel Président rwandais Paul Kagame (de tribu Tutsi) est l'auteur du meurtre de Habyarimana; d'où la détérioration des relations diplomatiques entre les deux États, avec à la clé l'établissement d'un mandat d'arrêt international à l'attention du Général Kagame. Hors, la communauté internationale se sent impuissante de procéder à une instruction à l'encontre de ce dernier parce qu'il est encore au pouvoir, jouissant ainsi d'une immunité en bonne et due forme. Par ailleurs, ce qu'on a toujours évité de reconnaître dans les instances du CPI c'est que les Tutsis n'ont pas été les seules victimes. Le carnage s'est fait au sein des deux ethnies, à savoir Tutsi et Hutu. Car, lorsque les Tutsis ont réussi à prendre le contrôle du pays grâce à l'appui militaire et logistique de la fameuse communauté internationale, ils ont à leur tour organisé une vendetta barbare dont les cibles étaient manifestement les Hutus qu'ils ont poursuivis tels des rats atteints de la peste jusqu'en territoire congolais, sous l'oeil indifférent des puissances occidentales. En clair, le massacre changeait de main. Qu'est-ce qui justifierait ce non-dit ? Faites-vous votre propre jugement.

Ce qui explique le fait que la majorité des pays africains et de plus en plus d'organisations internationales puissent exiger la reconnaissance du double génocide rwandais. Ces revendications ne sont pas du goût de la France ni de la Belgique que l'on accuse d'avoir été impliquées de près ou de loin dans ce conflit ethnique. Un épais brouillard couvre encore la vraie histoire du génocide rwandais. Et la mort subite à Bruxelles de l'officier militaire rwandais venu expressément de son pays pour comparaître comme témoin au procès des dix casques bleus assassinés à Kigali, pendant le génocide, semble pour le moins mystérieux. Ses avocats qui ont fait le voyage avec lui (Kigali-Bruxelles) rejettent la thèse selon laquelle l'officier était dans un état de santé déplorable lors de son arrivée en Belgique. Autrement, ils lui auraient déconseillé de prendre l'avion. Que nous cache-t-on encore ? Les familles des victimes n'ont-elles pas droit à la vérité ? Qui veut-on protéger ? En tous les cas, il y a anguilles sous roche.

Nous sommes donc étonnés que seuls les Hutus puissent subir la foudre de la communauté internationale. Pourquoi ce manque de transparence ? Pourquoi le CPI ne fait pas état dans ses rapports des crimes commis intentionnellement contre les Hutus sur le territoire congolais en 1994 ? Pourquoi ne reconnaît-il pas que les troupes rwando-burundaises sont toujours en territoire congolais entrain de massacrer nos compatriotes, piller nos ressources, violer nos femmes et filles, manipuler nos frères et soeurs au pouvoir pour concéder à vil prix des carrières de mines dont les exploitants sont des mafieux occidentaux ? Que fait-il des rapports onusiens qui croulent dans ses archives et corroborent la thèse du génocide congolais commandité par les sujets rwandais à la solde de Paul Kagame et Joseph Kabila ? Pourquoi avoir déféré Thomas Lubanga seul devant les instances internationales de justice, alors qu'il est accusé d'avoir commis trois fois moins de crimes que le soudard tutsi rwandais Laurent Nkunda qui jouit d'une liberté absolue ? Pourquoi le CPI ne s'est-il pas opposé à l'élévation de celui-ci dans les hautes sphères politiques proches de Joseph Kabila, malgré les multiples massacres que les pauvres habitants du Kivu lui reprochent ?

Une autre question turlupine tous les fils et filles légitimes du Congo. Pourquoi la communauté internationale n'a-t-elle pas requis l'organisation d'un tribunal spécial qui ferait la lumière sur l'assassinat politique de Mzee Laurent-Désiré Kabila, Chef de l'Etat congolais de 1997 à 2001 ? Et pourtant, l'Union Européenne et les USA soutiennent actuellement la même démarche en vue d'établir officiellement la participation de la Syrie dans l'élimination physique du défunt Premier Ministre libanais Rafik Hariri, une année à peine après le triste évènement. Rappelons que la famille de Mzee Laurent-Désiré Kabila est en attente de justice depuis six ans. Voici la justice à double vitesse que veulent nous imposer le CPI et les puissances industrielles.

Nonobstant ce subterfuge, nous nous interrogeons sur la surenchère médiatique en rapport avec les chiffres avancés par l'ONU et le CPI à propos du génocide rwandais vu que ceux-ci ne sont pas du tout rationnels. Lorsque le génocide a eu lieu, le Rwanda comptait environ cinq millions d'habitants (6.000.000) au nombre desquels figurent 10% de Tutsis (ethnie minoritaire), soit près de cinq cents mille (600.000) contre 88% au moins de Hutus et 2% environ de Ntwa (ethnie pygmée vivant en brousse dont l'existence est littéralement bafouée). Hors, depuis douze ans on nous ressasse la perte de presque un million de Tutsis hachés à la machette (1.000.000), soit le double de leur nombre réel. Oupss !!!

Devrions-nous comprendre que c'est toute la population tutsis du Rwanda qui a été décimée ? Arithmétiquement impossible ! Dans ces conditions, pourquoi la communauté internationale et le CPI évoquent-ils des chiffres alarmistes qui sont purement et simplement fantaisistes ? Une fantaisie qui soutient la crainte des pays africains selon laquelle il y a effectivement manipulation d'informations au gré des humeurs et intérêts des Seigneurs de la terre, citons les Occidentaux.

Il y a une autre situation que nous trouvons complètement saugrenue dans le chef du CPI. Il s'agit des poursuites judiciaires qu'il aimerait entamer contre la personne de Jean-Pierre Bemba. Les crimes pour lesquels il fait l'objet d'une étude internationale n'ont pas été étayés jusqu'à ce jour par des preuves tangibles. Et ce scandale renait de ses cendres à chaque fois que le pouvoir de Joseph Kabila est menacé. Ce fut le cas pendant la période électorale, à l'issue des trois affrontements entre les milices tutsis fidèles à Joseph Kabila et les gardes rapprochées de Jean-Pierre Bemba. Depuis son exil au Portugal, cette affaire n'avait plus été d'actualité sur les chaînes de télévision et de radio occidentales. De toute évidence, Joseph Kabila ragaillardi par le départ forcé de Jean-Pierre Bemba à l'étranger n'éprouvait plus aucun intérêt à manipuler la presse internationale. La détermination, le franc-parler et l'aura de celui-ci n'ont jamais sécurisé le pouvoir implanté en RDC sous le coup de pouce de la Belgique et la France.

Le 22 mai 2007, le CPI est ressorti de ses réserves pour mettre à jour l'affaire Jean-Pierre Bemba. N'ayant aucun dossier solide entre les dents, il s'accommode des allégations de 2004 faisant état de massacres qu'auraient commis les troupes de Jean-Pierre Bemba en République Centrafricaine (à l'époque où il menait la rebellion) lorsqu'elles allèrent à la rescousse du Président en fonction, Ange-Félix Patassé, débilité par d'incessantes insurrections militaires qui mettaient en danger son pouvoir. Une enquête est donc rouverte.

Pourquoi un tel acharnement politique et médiatique ? Même en exil, Jean-Pierre Bemba continuerait-il à être une menace pour le pouvoir de Joseph Kabila ? On pourrait effectivement le croire. La population est très remontée contre le régime en place, se sentant prise en otage et utilisée comme une vulgaire serpillière par la communauté internationale, plus particulièrement la Belgique et la France qui leur avaient promis des élections libres et démocratiques. Le nom de Joseph Kabila inspire le dégoût et la Belgique Wallonne de Louis Michel attire plus de méfiance que de certitude. La léthargie du gouvernement congolais suscite la grogne populaire qui à la longue finira par commuer en une insurrection de la masse qu'aucun pays de l'Occident ne pourra juguler, bien entendu, si ils continuent à se voiler la face à propos de l'impopularité de leur poulain Kabila. L'heure a sonné pour que la communauté internationale se débarrasse illico presto de ce lourd fardeau.

En outre, le retour annoncé de Jean-Pierre Bemba au Congo en vue de diriger les conjointement avec le gouvernement Gizenga les affaires courantes n'arrange pas du tout le milieu kabiliste. Et dire que c'est la condition sine qua non qui a été formulée par les organismes financiers internationaux pour libérer à nouveau les fonds de reconstruction et développement. Comment ne pas comprendre la horde de haine que le CPI entend absolument déverser sur Jean-Pierre Bemba afin de le rayer définitivement de la carte politique congolaise. Nous savons sans conteste que des bras longs de la Belgique et de la France ont dû intervenir auprès du CPI pour nuire à la personnalité de Jean-Pierre Bemba. Le MR (Mouvement Réformateur) n'est sans doute pas étranger à ces allégations. Les Congolais soupçonnent Louis Michel d'avoir joué un rôle nuisible dans ce battage médiatique à effet déstabilisant.

Cette machination nous rappelle les soi-disant massacres d'étudiants que le Maréchal Mobutu aurait commandités à l'université de Lubumbashi. Ce qui est une absurdité. A l'époque le MPR (Mouvement Populaire de la Révolution / Parti unique au pouvoir) était en plein déclin. Pourquoi se serait-il sali de la sorte ? La Belgique qui en voulait au Maréchal Président de lui avoir coupé l'herbe au pied en ce qui concerne le marché du cuivre et les investissements industriels s'était résolue de mettre en scène ce film de médiocre facture pour ternir le régime en place et avoir la légitimité de faire intervenir militairement ses alliés européens. Tout le monde sait la vérité aujourd'hui. La Belgique est incapable de nous prouver avec des éléments à l'appui la véracité des informations qu'elle diffusait en boucle entre 1989 et 1993. Sans doute qu'elle aimerait rééditer ce scénario avec Jean-Pierre Bemba.

Enfin, nous aimerions comprendre quelles sont les raisons pour lesquelles Paul Kagame Joseph Kabila, et Laurent Nkunda ne sont-ils pas inquiétés par le CPI ? Ils sont réputés pour être des dirigeants sanguinaires et les Nations Unies le savent. La communauté internationale doit se rendre à l'évidence que Jean-Pierre Bemba, en sa qualité de sénateur, a droit tout autant que Kagame ou Kabila à l'immunité politique, pas moins que le Général Augusto Pinochet du Chili ou le raciste Peter Bota de l'Afrique du Sud (à l'époque Présidents de leurs États) qui moururent dans la quiétude en dépit des génocides qu'ils perpétrèrent dans leurs propres patries.

En conclusion, le CPI n'est ni plus ni moins un instrument qui est passé à la trappe des grandes puissances, à l'instar de l'ONU, de la Banque Mondiale, du Fmi. L'Afrique ne veut plus de la justice à double vitesse. Pour ce faire, les Congolais exigent au CPI d'entamer sans plus tarder des poursuites contre des criminels comme Nkunda, Joseph Kabila et Paul Kagame au lieu de les distraire avec des accusations mensongères qui entachent la réputation de leurs compatriotes. La bataille des Congolais ne s'arrêtera jamais. Si Louis Michel a fini par reconnaître partiellement qu'il existe bel et bien un génocide congolais, d'autres dirigeants du monde courberont l'échine face à nos revendications légitimes.


Freddy Tshamala
Analyste politique
http://congobelgique.blogspot.com
édité le 4 juin 2005