mercredi 30 mai 2007

Appel de l'Evêque de Bukavu au sujet des tueries (RDC)


Le "macabre massacre de Kaniola" en territoire de Walungu (Sud-Kivu), perpétré dans la nuit du 26 au 27 mai et soldé par 29 civils tués à l’arme blanche, constitue l’un des éléments "qui sont apparemment réunis pour une nouvelle guerre au Sud-Kivu" : l’affirmation est contenue dans un message de l’archevêque de Bukavu, Mgr François-Xavier Maroy Rusengo, remis à l’ambassadeur de France, Bernard Prevost, au cours de son passage dans le chef-lieu du Sud-Kivu.


"Il y a un mouvement d’infiltration massive et systématique en provenance du Rwanda par les points frontaliers de la Rivière Ruzizi, d’Uvira, de Nyangezi, de Kaza-Roho à Cahi Bukavu" dit clairement Mgr Rusengo dans sa lettre, dont la MISNA a eu une copie. "Le placement militaire reproduit le même schéma que celui qui a prévalu juste avant le déclenchement de la guerre par le Rcd (Rassemblement congolais pour la démocratie, rébellion soutenue par Kigali, Ndlr) en 1998" poursuit le prélat, faisant noter que tous les commandants militaires de la zone sont issus des rangs de cet ancien mouvement rebelle.


Le massacre de Kaniola (ou Kanyola), dit-il encore, s’est produit "en présence pratiquement du major de l’armée régulière" et rappelle ceux de Kasika (août 1998) et de Makobola (fin décembre 1998), deux des plus dramatiques et nombreux exemples d’atrocités commises dans la région orientale du pays pendant la guerre de 1998-2003. Comme pour les guerres antérieures, insiste l’archevêque, "on a envoyé des militaires au front sans logistique ni ravitaillement suffisants", comme si on voulait "les livrer à l’ennemi".


Mgr Maroy Rusengo condamne le "silence des institutions de la République", estimant que la "table ronde inter-communautaire " proposée par le gouvernement pour affronter la question sécuritaire n’est pas suffisante. "Sous d’autres cieux – lit-on encore dans le message– pour une prise d’otage, même d’une seule personne, l’appareil étatique de son pays se mobilise" mais ce n’est pas le cas au Congo. Rappelant que les provinces orientales ont massivement voté pour Joseph Kabila, élu à la présidence en novembre dernier, l’archevêque de Bukavu appelle le chef de l’État à réagir "avant qu’il ne soit trop tard", et la Monuc (Mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo) à "ne pas se dérober de sa tâche" et à "s’engager pour la protection de la population civile".


"Que la communauté internationale ne dise pas qu’elle ne savait pas. Nous la prendrons à témoin" conclut le chef religieux.À l’ouverture de la séance parlementaire de présentation du budget de l’État 2007 ce matin au Palais du peuple de Kinshasa, le premier ministre Antoine Gizenga a demandé aux députés d’observer une minute de silence à la mémoire des victimes de Kaniola. Depuis plusieurs jours, les députés du Nord et Sud-Kivu ont suspendu leurs activités parlementaires pour revendiquer la prise en charge de la situation humanitaire des habitants de leurs régions et des moyens pour restaurer la paix.

Aucun commentaire: