mercredi 11 juillet 2007
Acquittée le 30 avril 2007
Me Marie-Thérèse Nlandu de nouveau devant la justice militaire (potentiel 07/07/07)
Par Donatien Ngandu Mupompa
La joie de Me Marie-Thérèse Nlandu Mpolo Nene aura été de courte durée. Acquittée le 30 avril 2007 par le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe, elle va de nouveau se retrouver devant la barre. Cela, de par la volonté du Parquet militaire. En effet, l’auditeur militaire supérieur a interjeté appel contre le jugement rendu en sa faveur, pour mal jugé.
Me Marie-Thérèse Nlandu Mpolo Nene, la femme politique qui a été détenue pendant plus de cinq mois au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK), va de nouveau répondre des griefs de mouvement insurrectionnel et de détention illégale d’armes de guerre retenus à sa charge par le ministère public. En effet, l’auditeur militaire supérieur, le colonel Madialuwa, a fait appel au jugement rendu le 30 avril dernier par le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe. L’acte d’appel a été déposé au greffe de la Cour militaire de Kinshasa/Gombe depuis le mercredi 20 juin 2007.
Pourtant, en rendant son verdict ce 30 avril-là, le tribunal présidé par le doctorant en droit Martin Mbokolo Ewawa, major magistrat, plaidait pour une justice militaire plus humanisante. Et les juges qui s’étaient prononcés ce jour-là disaient avoir eu pour seul maître la loi, et leur intime conviction. Mais, ce n’est pas là l’avis du Parquet militaire. En nous recevant le jeudi 5 juillet 2007, le colonel magistrat Madialuwa a dit qu’un juge militaire est un juge répressif, il doit donc être décisif.
Il faudrait noter qu’à l’issue du jugement rendu par le premier juge, le président du tribunal militaire avait annoncé aux deux parties, c’est-à-dire Me Marie-Thérèse Nlandu et ses compagnons d’infortune, aussi bien qu’au ministère public, qu’ils n’avaient que cinq jours pour interjeter appel. C’est ce que prévoit le Code de procédure pénale militaire. L’organe de la loi, représenté par le major Homère Nkulu Katenda, n’avait pas fait appel dans ce délai. C’est ainsi que le samedi 5 mai, Me Marie-Thérèse Nlandu organisa une réception intime avant de s’envoler la semaine suivante pour l’Europe, où elle séjourne en ce moment pour des raisons médicales. Mais, l’auditeur supérieur militaire Madialuwa a déclaré que sur instruction de sa hiérarchie, il s’est imprégné du dossier après avoir reçu la copie du jugement. Et il a découvert qu’il y a mal jugé.
Pour lui, ce jugement comporte beaucoup de contradictions. A titre illustratif, il a évoqué une phrase de la conclusion des motifs où il est écrit ceci : « Nous ne disons pas que Me Marie-Thérèse Nlandu n’est pas coupable… ». Et lui de s’étonner : « Comment acquitter une personne dont vous ne dites pas qu’elle n’est pas coupable ? » Le colonel Madialuwa a aussi soutenu que cet appel n’est pas fait en dehors du délai légal. Il a fait voir que le Code de procédure pénale militaire est muet à ce sujet. La loi recommande qu’en cas d’espèce, le magistrat militaire doit recourir au Code de procédure pénale ordinaire. Il s’est donc basé sur une disposition de ce Code des juridictions de droit commun qui stipule que le procureur près la juridiction d’appel peut interjeter appel dans un délai de trois mois pour mal jugé.
ME MARIE THERESE SERA-T-ELLE FORCEE A L’EXIL ?
La conséquence à tirer de cet appel : la loi dit que lorsque c’est le ministère public qui va en appel, et s’il apporte des charges suffisantes pour inculper le prévenu, le juge peut prononcer une peine dépassant celle du premier juge. Or, l’insurrection brandie par l’organe de la loi est condamnée dans les juridictions militaires à des peines de 20 ans, de perpétuité ou de condamnation à mort. Juriste chevronné, Me Marie-Thérèse Nlandu le sait. Ainsi, elle risque d’être forcée à un nouvel exil, malgré elle, pour éviter une nouvelle épreuve déshonorante.
Un autre cas de figure se présente : lorsque la Cour militaire notifiera la date d’audience aux parties, Me Marie-Thérèse Nlandu ne répondra pas à l’appel.
Ceci, pour la simple raison qu’elle n’est pas au pays. A ce moment-là, la Cour instruira l’affaire et la condamnera par défaut. Il faudrait noter qu’en appel, le jugement fait au premier degré tombe et tout est à recommencer. Ce qui serait vraiment malaisé. Car, cela signifiera la fin de sa carrière politique, voire de sa profession d’avocat. En un mot, c’est toute une vie qui sera brisée.
Mais réagissant à ce sujet depuis l’Europe où elle se trouve, Me Marie-Thérèse Nlandu Mpolo Nene a dit ceci : « Cet appel daté du 20 juin 2007 est fait en dehors du délai légal de 5 jours prévu par le Code de procédure pénale militaire. Le Congo peut-il prétendre encore être un Etat de droit? J’ai dit merci au président Joseph Kabila, parce qu’il fait savoir qu’il n’est pas contre mon acquittement. C’est-à-dire : pas d’appel ni nouvelles poursuites, du reste inutiles au deuxième degré. Magistrat suprême, que vaut sa parole? Peut-on lui faire confiance? A plusieurs reprises, sa parole est remise en cause. »
Pour rappel, Me Marie-Thérèse Nlandu avait été arrêtée le 21 novembre 2006 dans les installations des services spéciaux de la police. Ce jour-là, elle était à la recherche de ses travailleurs enlevés la veille. On l’arrêtera donc, au motif qu’elle serait à la tête d’un mouvement insurrectionnel qui avait abouti à l’incendie de la Cour suprême de justice. En plus, ses travailleurs ont été présentés comme des soldats ex-Faz, qui possédaient des armes de guerre fournies par elle. Mais après instruction de l’affaire, le tribunal militaire a trouvé que les accusations du ministère public n’étaient basées sur aucune preuve. Le dossier était vide. Les juges en avaient conclu que cette femme et ses coaccusés étaient innocents. Tout le monde a été acquitté. Ce qui n’a pas plu au Parquet militaire. Droits de reproduction et de diffusion réservés © Le Potentiel 2005
Fête du 30 juin à Bruxelles : Marie-Thérèse N’Landu dénonce le nazisme instauré au Congo
Par Pierre Kalambayi Misasa
La célébration eucharistique organisée le samedi 30 juin dernier à l’Eglise Saint Pierre à Jette (Bruxelles) à l’occasion du 47e anniversaire de l’indépendance du Congo-Kinshasa a été un grand moment de vérité débarrassé de langue de bois, tant à travers l’homélie que le poignant témoignage de Me Marie-Thérèse N’Landu.
Il est 19 heures quand débute la célébration eucharistique présidée par l’abbé Gilbert Yamba entouré de deux autres prêtres dont le dernier missionnaire blanc transféré en Belgique pour y être jugé à la demande de sa congrégation au lieu de subir l’arbitraire de la justice rwandaise.
Sans aller par le dos de la cuillère, l’abbé Yamba a brossé d’entrée de jeu un tableau sombre de la RDC en stigmatisant la misère dans laquelle patauge le Congolais, misère due notamment à la gestion hasardeuse de l’Etat, à la manipulation étrangère avec la complicité de quelques Congolais.
Dans une sorte de réquisitoire, l’abbé Yamba n’a pas passé sous silence le pillage systématique des richesses du sol et du sous sol congolais mis d’ailleurs en exergue par différents rapports des panels des experts des Nations Unies.
L’officiant a néanmoins exhorté les Congolais à préserver en tout état de cause l’unité nationale en bannissant le tribalisme et les a par ailleurs invité au courage et à l’espérance afin d’entreprendre et ou de continuer la lutte déjà engagée par d’autres à travers plusieurs actions de pression sur le gouvernement de Kinshasa.
Aussi, face aux tueries à large échelle qui se passent dans notre pays et auxquelles les Congolais assistent impuissant sous l’œil complaisant des puissances du monde, l’officiant à invité ses compatriotes à prendre en mains leur sort et le destin de leur pays.
Le Congo ne nous appartient plus !
Après cette émouvante homélie, et avant la bénédiction finale, la parole a été accordée à Me Marie-Thérèse N’Landu, ancienne candidate à la dernière présidentielle congolaise et avocate de Jean-Pierre Bemba Gombo, sortie des geôles du régime de Joseph Kabila après plusieurs mois.
C’est par un chant d’action de grâce en Lingala : « soki nabimi na boloko, nakobanga Nzambe, alléluia » que Me Marie-Thérèse N’Landu a commencé son intervention avant de passer en revue l’homélie du jour qui, selon elle, résumait mieux l’essentiel de la situation sociale, politique, économique et sécuritaire de notre pays.
Marie-Thérèse N’Landu a d’emblée remercié feu le cardinal Frédéric Etsou, d’heureuse mémoire, qui 8 jours après son arrestation le 30 novembre 2006 avait élevé la voix pour clamer son innocence et exiger sa libération pendant qu’il se trouvait en séjour médical en Belgique.
Balayant d’un revers de la main les accusations de corruption portées contre sa personne notamment par Digital Congo, Me N’Landu a affirmé que dès qu’elle aura recouvré sa santé, elle portera plainte contre ce groupe de presse(NDLR appartenant à Kabila) en exigeant des dommages et intérêts de l’ordre de 34 millions de dollars américains. La même somme sera également réclamée à la présidence de la République après une autre plainte pour diffamations et actions calomnieuses. Une troisième plainte sera déposée contre l’Etat congolais pour arrestation arbitraire sous prétexte d’atteinte à sa sûreté par la détention de 3 grenades et d’autres armes.
Selon la chronologie des faits présentée par Me N’Landu, elle était tombée dans un traquenard lui tendu par les services de Kabila avec la complicité d’un membre de sa propre équipe pendant qu’elle cherchait des pièces pour soutenir la requête introduite à la Cour Suprême de Justice en faveur de Jean-Pierre Bemba. En fait, on lui avait fait croire que M. Bemba avait besoin d’elle, ce qui était loin de la vérité parce que l’ancien vice-président de la république n’était pas au lieu du rendez-vous imaginaire.
C’était à la veille des incidents malheureux survenus le 21 novembre à la Cour Suprême , jour où juges, avocats et autres citoyens venus assister à l’audience avaient été surpris de voir surgir des policiers qui se débarrassaient de leurs uniformes alors que dehors il y avait un dispositif imposant de la MONUC et de la police nationale.
Ce qui prouve, selon elle que c’était un coup orchestré par le pouvoir. Fait frappant, trois fois durant son intervention, Marie-Thérèse N’Landu a souligné que le Congo ne nous appartient plus, car le nazisme est établi comme régime politique dans notre pays.
L’assistance a été émue quand elle a révélé qu’un major promu colonel pour s’être distingué dans les tortures de ses concitoyens s’était occupé avec un zèle rare d’un de ses gardes du corps dont les organes génitaux ont été suppliciés.
Plus grave encore, signale Me N’Landu, dans la nuit du 22 au 23 mars dernier, 50 personnes incarcérées au pavillon 9 du centre pénitencier et de rééducation de Kinshasa (ex-prison centrale de Makala) arrêtées au hasard lors des affrontements entre la garde rapprochée de Bemba et l’armée de Kabila ont été sorties et demeurent disparues. Il y a plus, dans la nuit du 24 mars, un colonel du nom de Bofote a exécuté 38 personnes au camp Tshatshi. A l’en croire, les victimes ont été égorgées et mises dans des sacs et jetées dans le majestueux fleuve Congo. Pathétique !
Maximum des pressions sur Kabila
Quand bien même elle a déclaré que les tueries sont planifiées contre les ressortissants des provinces de l’Equateur, du Bas-Congo, des deux Kasaï et de Kinshasa, Marie-Thérèse N’Landu a néanmoins inviter ses concitoyens à exercer un maximum des pressions sur Joseph Kabila pour qu’il démissionne avant son actuel mandat de 5 ans.
Dans une telle atmosphère lourde, le cœur n’était nullement à la fête même si au Congo, Kabila et les apparatchiks de son régime se sont employés à sauver les apparences avec des défilés militaires alors que la population passait le 47e anniversaire de l’indépendance dans la méditation.
Invités par CongoOne à livrer leurs impressions à la suite du témoignage poignant de Me N’Landu, quelques compatriotes présents sur le lieu se sont dits bouleversés par la politique de terreur instaurée par le régime de Joseph Kabila pourtant porté à bout des bras par la communauté internationale. Sans verser dans la langue de bois, Rosalie Ngalula Muitabayi qui a connu les affres des geôles du pouvoir kabiliste ne s’est pas offusquée d’ajouter qu’outre les cachots connus de l’opinion, Kinshasa regorge aussi des cachots privés où les services dits des renseignements se livrent aux tortures du genre de celles dénoncées avec force détails par Me N’Landu qui selon elle a retrouvé la liberté entre autre à cause de sa notoriété et des pressions exercées sur Joseph Kabila notamment par la Belgique et la commission européenne par le biais de Louis Michel, commissaire à l’aide humanitaire qui s’était personnellement impliquée.
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