Bemba parti, est-ce le beau temps après la pluie ? La nouvelle de départ de Jean Pierre Bemba au Portugal a retenti comme un ouf de soulagement parmi les apparatchiks de l’AMP et du PPRD. Pour beaucoup d’entre eux et certains de leurs parrains occidentaux, Bemba constituait à lui seul une sérieuse menace contre la paix en RDC. Maintenant qu’il est parti, est-ce le beau temps après la pluie ? Peut-on croire au retour d’une paix durable ? Cette paix à laquelle aspire le peuple congolais ne serait-elle pas illusoire ?
Il est évident que Joseph Kabila, ne peut garantir la paix au peuple congolais. Un lion ne se transforme pas en agneau du jour au lendemain comme pour dire un chef de guerre ne se convertit pas en civil démocrate automatiquement. Chassez le naturel, il revient au galop, dit-on. Si Bemba est considéré par certains politiques affairistes occidentaux comme une entrave à la paix durable en RDC, Kabila l’est tout autant.
Ancien chef de guerre de l’AFDL, tête de liste du parti « communauté internationale » aux élections présidentielles en RDC, présenté comme le pacificateur, l’agneau de paix, investi en grande pompe à la tête du Congo-kinshasa en dépit des irrégularités observées en amont et aval du scrutin présidentiel, il s’est revêtis de sa peau de lion, de chef de guerre, juste quelques semaines après, en provoquant la mort de plus de 700 congolais, sans compter les blessés et les disparus…
Ce coup assené à l’opposition, à travers le massacre des adeptes de Bundu dia Kongo et les événements du 22 et 23 mars derniers, augure-t-il un climat de paix durable en RDC ? Peut-on y voir désormais un ciel bleu sans aucun nuage ? Il est à noter que le traumatisme suscité au sein de la population et de la classe politique congolaise par les actes irréfléchis de Kabila, est tellement profond que le beau temps après la pluie, tant souhaité, ne soit qu’utopique. Comment espérer une paix durable avec la dévastation de la permanence de l’Udps-Goma et sa mise sous surveillance, il y a quelques jours, par des hommes en uniformes sous le commandement du pouvoir de Kinshasa ?
Il s’en est suivi des arrestations arbitraires comme à l’accoutumée. Comment croire à une paix durable quand nous avons appris il y a quelques jours de la part d’un proche de Ne Muanda Nsemi, chef spirituel de Bundu dia kongo que la sécurité de celui-ci était gravement menacée ? Il n’est pas le seul à être dans le collimateur du régime de Kabila. Comment rêver d’une paix durable, quand la résidence de Monsieur Makila gouverneur de la province de l’Equateur fait l’objet de pillages, pourtant accolée à celle du chef d’état-major Kisempia ? Comment espérer une décrispation au moment où le siège du MLC est placé sous surveillance de la police nationale ? La Monuc a dénoncé récemment la chasse à l’homme parmi les opposants membres de l’UN, les organisations associées à cette plate forme politique, les journalistes d’obédiences bembistes…
A Kinshasa, des jeunes ressortissants de la province d’Equateur (fief de Bemba) aux allures provinciales et à l’accent « Bangala » très prononcé font l’objet d’arrestations parce que considérés abusivement comme faisant partie de la « milice » de Bemba en débandade. Peut-on construire la paix avec ce type de méthode ? La réconciliation tant entendue, réside-t-elle dans les arrestations en douce des combattants de l’Udps, Mlc, ou encore des adeptes de Bundu dia kongo et biens d’autres anonymes ? Bemba est parti certes, mais ce n’est pas pour autant le beau temps après la pluie. D’ailleurs à Kinshasa comme à l’intérieur du pays cet adage ne se tient plus. Chaque fois qu’il y pleut, c’est le sauve qui peut… on meurt d’inondations, d’électrocutions, d’érosions, d’éboulements…
Bemba est parti mais le danger demeure. Et ce danger vient de l’intérieur. Les services occultes de nuisances à la solde du pouvoir opèrent de manière rampante comme à l’époque du feu maréchal Mobutu. Sous le règne de ce dernier, on n’a pas cessé de nous rabâcher en longueur de journées que nous vivions en paix même si nous crevions de faim, entre temps les services secrets s’affairaient à fermer la « gueule » à tous ceux qui s’insurgeaient contre la pensée unique du chef suprême. Bemba est parti mais le ciel congolais demeure très nuageux, aucun éclairci à l’horizon.
Quelle chance faudrait-il donner à la paix quand l’armée, la police… sensées être apolitiques et républicaines sont au service d’un seul homme Joseph kabila et non du peuple congolais. A quoi ça sert que de rêver du retour d’une paix durable quand la GSSP cette garde prétorienne de Kabila se présente comme le clone de la division spéciale présidentielle, de triste mémoire ? Bemba parti, Kabila demeure une menace pour la paix, il n’y a plus de doute à cela.
Monsieur Karel De Gucht, ministre ses affaires étrangères de la Belgique, s’en est rendu compte récemment lors de son entretien en tête à tête avec « le futur maréchal » de la RDC, entretien au cours duquel ce dernier a laissé entendre qu’il ne partageait pas l’analyse de l’UE, sur ses « méthodes autoritaristes » pour ramener la paix en RDC. Comme quoi, la paix durable demeure hypothétique, et encore, loin d’être acquise… Blaise B. MANTOTO Courriel : bula_mantoto@yahoo.fr
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