K. De Gucht en compagnie de son ex-homologue congolais, Ramazani Baya Dans son allocution prononcée à l’ambassade de Belgique à Kinshasa, mardi 10 avril, le ministre belge des Affaires étrangères, le libéral flamand (Open VLD) Karel De Gucht, a stigmatisé aussi bien Jean-Pierre Bemba que Joseph Kabila. Selon certaines sources proches des « services » occidentaux, Bemba et Kabila commencent à être perçus, par les « puissances tutélaires » comme des « obstacles majeurs » à l’avènement du « nouveau Congo »…
Analyse Comme l’annonçait Congoindependant.com, le patron de la diplomatie belge a été reçu in extremis par Joseph Kabila. La rencontre, non prévue dans l’agenda de la Présidence, a eu lieu mercredi 11 aux alentours de 13 heures. Durée : une bonne heure. Une heure d’un dialogue…de sourds. Les deux interlocuteurs ont campé sur leur position respective. En cause, « Joseph » reproche à « Karel » une « propension à s’ingérer » dans les affaires de la RD Congo.
Le chef de la diplomatie belge, lui, considère le numéro un Congolais comme un « mendiant arrogant et susceptible». « La Belgique donne beaucoup d’argent à votre pays », avait lancé le même De Gucht à Kabila lors d’une précédente entrevue houleuse à l’issue des heures d’attente. Les deux hommes se vouent donc une piètre estime. Kabila a, une fois de plus, fait lanterner ce visiteur de marque qui commençait à perdre patience jusqu’à ce mercredi 11 avril lorsque l’ambassadeur belge à Kinshasa, Johan Swinnen, confiait à la presse ces mots : « Je viens de recevoir un appel de la Présidence de la République me laissant entendre que je serai fixé dans dix minutes sur le lieu et l’heure du rendez-vous entre le chef de l’Etat et le ministre De Gucht ».
La télévision commerciale RTL-Tvi a diffusé, mercredi, des images sur cet épisode. A en croire les médias belges, le clan kabiliste n’aurait apprécié que modérément le discours prononcé la veille par l’ancien président du parti libéral flamand. D’où le temps mis par Joseph. Celui-ci a-t-il changé d’avis après avoir subi des pressions de la part de quelques rares « colombes » de son entourage ? A-t-il subi des « pressions amicales » de la part du président angolais José Edouardo Dos Santos qui passe désormais pour le « parrain » le plus écouté et craint ? Mais qu’a dit au juste De Gucht dans son adresse qui a eu lieu d’ailleurs en présence d’un aréopage des personnalités politiques congolaises ?
Le ministre belge a commencé par féliciter le peuple congolais « pour son courage et sa détermination à se rendre aux urnes ». Propagande Après avoir congratulé la CEI (Commission électorale indépendante) « qui a fourni un travail remarquable », l’orateur attaque : « Bien entendu, tout cela n’aurait pas été possible, sans un soutien ferme et continu de la communauté internationale ». De Gucht tord ainsi le cou au « mythe » entretenu par une certaine propagande attribuant la réussite du processus de normalisation politique en RD Congo à la seule bonne volonté de Kabila. « J’avais promis des élections. La promesse est tenue », déclarait le principal intéressé dans une interview accordée au quotidien français « Le Monde ». Fini donc la légende d’un Joseph Kabila « artisan de la paix ».
Comme il fallait s’y attendre, le patron de la diplomatie belge a dit haut et clair tout le mal qu’il pense sur le déroulement des élections sénatoriales. Il s’est gardé de dénoncer la « corruption » des « grands électeurs » qu’étaient les députés provinciaux. Il s’est limité à déplorer le « manque de transparence » qui a émaillé cette consultation politique. Citoyen d’un Etat démocratique où les affaires publiques se règlent dans le cadre d’un « débat démocratique pacifique », « Karel » n’est pas allé par quatre chemins en clamant que « l’opposition démocratique « doit » pouvoir bénéficier de l’espace nécessaire au sein des institutions, en particulier de l’Assemblée nationale ».
C’est ici que le ministre aborde la question relative aux milices. « (…), il est inacceptable que des membres de l’opposition puissent disposer de milices privées », dit-il en soulignant que « le monopole de la force revient au gouvernement légitime ». Certains objecteront quant à savoir si tout gouvernement issu des urnes est par définition légitime. Et ce, même si la politique menée par ledit gouvernement va à l’encontre des profondes aspirations de la population. On peut gager que ce passage du discours s’adresse à l’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba Gombo et à travers aux autres opposants dont le mouvement Bundu Dia Kongo lesquels auraient eu, selon De Gucht, « un comportem! ent prov ocateur et agressif ». Quid du gouvernement ? Celui-ci a eu, martèle-t-il, « un recours à la force prématurée et inadapté ».
De Gucht d’ajouter une phrase assassine : « Il n’est pas tolérable, en effet que des groupes de militaires puissent se comporter comme de véritables milices privées.» De quels militaires parle le ministre De Gucht ? Il s’agit ici des éléments appartenant à la garde présidentielle (GSSP). Ces hommes armés qui échappent jusqu’ici à toute opération de brassage se sont comportés comme une force paramilitaire dévouée aux intérêts particuliers de leur « chef ». Les GSSP sont accusés d’avoir mené une véritable chasse à l’homme contre les militants du Mouvement de libération du Congo (MLC). Des habitations appartenant aux membres de cette formation politique ont été pillées. C’est le cas notamment de la résidence du secrétaire général, François Muamba Tshishimbi. Signal positif Vendredi 13, on apprenait que la maison de Omer Egwake aurait subi le même sort.
Ces actes de barbarie ont été dénoncés par la Mission de l’ONU au Congo. Cinq mois après l’investiture du président élu Joseph Kabila, la communauté internationale semble s’impatienter de ne percevoir le moindre signal positif de la part des autorités. Certaines sources proches des « services » occidentaux croient savoir que Bemba et Kabila commencent à apparaître comme des « obstacles majeurs » à l’émergence du « nouveau Congo ». Marc Reynebeau du quotidien flamand « De Standaard » a accompagné le ministre belge des Affaires étrangères en qualité d’envoyé spécial du « Soir ». Une coopération originale qu’expérimentent les deux plus grands journaux belges.
Dans un article intitulée « De Gucht chez Kabila, après la rituelle antichambre prolongée », paru dans l’édition datée de jeudi 12 avril, Reynebeau écrit notamment : « Pour De Gucht, il importe que la communauté internationale continue à parler d’une même voix, en maintenant la pression sur le régime congolais. Une remarque que le ministre a aussi jugée utile de répéter à l’intention du monde politique belge.» « Le ministre belge avance qu’il peut compter sur un large consensus de la communauté internationale, en particulier au sein de l’Un ion européenne.» Le 10 juin prochain, les Belges iront aux urnes dans le cadre des élections législatives.
Selon les dernières enquêtes réalisés par les instituts de sondage, le prochain chef du gouvernement pourrait s’appeler Yves Leterme. Un social-démocrate flamand (CD & V) qui fait déjà une cours assidue au PS de Elio di Rupo. La Flandre est dans sa globalité très critique à l’égard de mœurs du régime Kabila. La politique congolaise de la Belgique devrait subir des ajustements déchirants en cas de départ de Guy Verhofstadt du 16, Rue de la Loi…
B. Amba Wetshi
lundi 16 avril 2007
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