lundi 16 avril 2007

Joseph Kabila pourchasse ses opposants à coups de canon

Deux semaines après les affrontements sanglants des 22 et 23 mars entre les>éléments de la garde prétorienne de Joseph Kabila, appuyés par des soldats>angolais, et des soldats de la garde rapprochée de Jean-Pierre Bemba Gombo,>des membres de l'opposition continuent à être traqués à Kinshasa. Certains>ont vu leurs habitations pillées par des policiers et militaires dépendant>directement de la Présidence de la République.

>>Le vendredi 6 avril 2007>>> « (…). A l'heure actuelle, nous sommes entrés dans une phase de>normalisation qui suit une tentative de déstabilisation ourdie par l'ancien>vice-président, le sénateur Jean-Pierre Bemba.

Heureusement que le >président>a réagi avec fermeté qui a permis de remettre les choses à l'ordre, sans>brutalités excessives » (sic !). Ce passage est tiré d'une interview que le>ministre congolais des Hydrocarbures, le PPRD Lambert Mende Omalanga, a>accordée à « Multimediacongo » (MMC), la branche éditoriale du très>kabiliste site Internet « DigitalCongo.net ».>>

PPOSANT au parcours tortueux sous le régime « dictatorial » de Mobutu Sese>Seko, Mende semble se délecter de la dérive autocratique que prend la>direction politique du pays. Attitude pour le moins étrange de la part d'un>homme qui se présentait avant le 17 mai 1997 en militant du changement>démocratique.>>En fait de « normalisation », Mende veut parler des actions en cours visant>à l'anéantissement de toutes formes d'opposition à Joseph Kabila. Plus>inquiétant, « Lambert » minimise à dessein le gâchis humain (200 à 600>morts) résultant de l'usage des armes lourdes par des membres de la garde>kabiliste épaulés par des Angolais.

>>Des observateurs internationaux font état d'exactions infligées aux membres>de l'opposition. Des journalistes sont intimidés. Il en est de même des>animateurs des associations de défense des droits humains. Certains d'entre>eux sont entrés en clandestinité. Kabila qui rêvait de « rétablir la>discipline dans le pays » a trouvé dans les événements du mois de mars un>prétexte commode pour régler leurs comptes à ses critiques les plus>virulents.>>« Joseph Kabila se rendra vite compte qu'il a certes remporté une victoire>militaire sur Bemba.

Il reste qu'il s'agit d'une victoire aux relents de>défaite diplomatique et politique », disent des diplomates européens se>fondant notamment à la déclaration faite par les quatorze chefs de mission>diplomatiques de l'Union européenne en poste à Kinshasa.>>Instabilité>>« Maintenant que le Congo sombre plus que jamais dans l'instabilité, où>va-t-il trouvé de l'argent pour réaliser ses fameux chantiers ? », >s'indigne>un journaliste économique flamand.>>Selon des sources, plusieurs investisseurs potentiels qui séjournaient dans>la capitale congolaise au moment des « événements » se sont empressés de>faire leur valise et de quitter le pays par le tout premier vol de la>compagnie aérienne « Brussels Airlines ».>>Dans les milieux populaires, une colère sourde gronde à travers Kinshasa au>regard du nombre de morts ainsi que de dégâts subis par les biens.

Des>témoins font état de « chasse à l'homme » don't seraient l'objet « des>ressortissants de la province de l'Equateur ». Civils et militaires. >Ceux-ci>sont suspectés d'être collectivement des partisans de Bemba.>>Selon certains sources, une « guerre fratricide » aurait actuellement lieu>entre des politiciens originaires de l'Equateur, étiquetés kabilistes et >les>« autres ». Les premiers se distingueraient en fausses accusations pour>éliminer certains « rivaux ».>>Signalons que certains observateurs n'ont pas caché une certaine « nausée »>au vu de l'excès de zèle dans « l'anti-bembisme » claironné par des anciens>« bembistes » devenus « kabilistes ». C'est le cas notamment de l'ancien>ministre des Affaires étrangères Antoine Ghonda et de l'ex-numéro deux du>MLC, Olivier Kamitatu Etsu.

« Ils ont raté l'occasion de se taire, après>tout ce que « Jean-Pierre » a fait pour les propulser à des postes de>premier plan. Kabila est prévenu… », se lamentait un économiste congolais>vivant à Paris.>>Dictature>>On le sait, le siège du MLC, situé à un jet de pierres du Rond-Point>Forescom a été pillé. Les studios de la radio et des télévisions (Ralik,>CCTV et Canal Kin TV) appartenant à Bemba ont subi le même sort. « On>assiste à une détérioration du climat politique », a déclaré Floribert>Chebeya, président de l'association de défense des droits humains « La Voix>des Sans-Voix » (VSV), joint au téléphone par la rédaction de>Congoindependant.com. « C'est le retour à la dictature », ajoute-t-il en>soulignant avec une pointe de colère que « le président de la République a>des préoccupations qui sont aux antipodes des véritables aspirations des>populations congolaises ».

« Comment peut-on déverser autant d'obus que des>roquettes sur ses propres concitoyens ? », enchaînait une Kinoise jointe au>téléphone.>>Au cours de son point de presse hebdomadaire, mercredi 4 avril, la Mission>de l'ONU au Congo n'a pas caché quelques inquiétudes. « La MONUC a reçu des>informations concernant 27 personnes, don't 19 membres de l'opposition et 8>journalistes, don't les résidences continueraient à faire l'objet de >visites>des forces de sécurité, parfois accompagnées de pillages. Certaines de ces>personnes auraient également reçu des menaces téléphoniques », a déclaré le>porte-parole de la MONUC, Kemal Saïki invitant « les plus hautes autorités>du pays » à garantir que les forces de sécurité congolaises « agissent en>conformité avec la loi et ne laissent pas s'instaurer un climat de>persécution à l'égard des personnes affiliées à l'opposition et/ou>originaires de l'Equateur ».

Et de conclure : « Il est crucial que les>droits fondamentaux à la sécurité et à la liberté individuelle, ainsi que >la>liberté d'opinion et d'expression consacrée par la Constitution de la RDC,>soient respectés par toutes les forces de sécurité à l'égard de tous les>citoyens congolais, y compris les membres de l'opposition et la presse ».>>Coup de force>>La MONUC sera-t-elle entendue ? Rien n'est moins sûre au moment où Kabila >et>ses partisans donnent l'impression de planer dans un nuage. Dans son >édition>datée 31 mars, le quotidien bruxellois « Le Soir » titre qu'un « Coup >d'Etat>se tramait à Kinshasa ». A en croire la journaliste Colette Braeckman, l>auteur de l'article - qui confond décidément son rôle de journaliste à >celui>d'attachée de presse de Joseph Kabila, « il était de notoriété publique que>d'anciens barons du système mobutiste, qui avaient pensé revenir au pouvoir>à la faveur d'élections remportées par leur champion, avaient ourdi « d>autres projets ». Quels projets ? Des détails ? Silence radio.>>

En parcourant l'interview que « Joseph » avait accordée au « Soir » (voir>édition datée 16 novembre 2006), il apparaît que l'homme avait prévu les>événements des 22 et 23 mars. Seule la date restait à fixer. « Pour>redresser le Congo, il faut être sévère, et les Congolais vont être surpris>», déclarait Kabila. Ajoutant : « Je confirme qu'il y a effectivement des>projets de déstabilisation de ce pays, à commencer par la capitale, mais>nous avons les moyens de les déjouer ».

« Nous avons les moyens de sévir, >de>remettre l'ordre ». Des paroles anachroniques autant qu'inquiétantes dans >la>bouche d'un « président démocratiquement élu »…>>

B. Amba Wetshi

Aucun commentaire: