mercredi 21 mars 2007

Joseph Kanambe : Dans la fièvre de son titre de« Docteur Honoris Causa »

Joseph Kabila, de son vrai nom « Joseph Kanambe », est à ma connaissance l'unique Chef d'Etat africain qui ait réussi à soulever autant de passions dans le monde très fermé de la Franc-Maçonnerie. Et pour cause, les maçons belges sont en passe de faire de lui le récipiendaire de couleur noire le plus assidu de son époque en l'aidant à recevoir la lumière des Saintes Divinités par l'entremise du titre de Docteur Honoris Causa, avec cette fois-ci comme maître de cérémonie, Monsieur André Flahaut, Ministre belge de la défense. Ce dernier affirme qu'il serait judicieux de décerner le prestigieux titre au Président Congolais pour avoir admirablement accompli d'importants projets politiques tout au long des deux années de transition qu'il a pilotées en coordination avec les quatre Vice-Présidents désignés par la conférence de Sun City en 2002. Parmi ces projets, les élections présidentielles de 2006. Rien que ça !

Si l'on se réfère à la formule de gestion de l'appareil d'Etat « 1 + 4 » élaborée par Louis Michel (à l'époque Ministre belge des Affaires Etrangères) – qui se résume à un Président et quatre Vice-Présidents -, logiquement la poire aurait dû être coupée équitablement en quatre morceaux ; appelons-le HONORIS CAUSA 1+4. Alors pourquoi accorder à Joseph Kanambe (Jo Ka) un tel privilège ? Les politiques wallons veulent nous faire croire que les élections sont le fruit de l’effort personnel de Kanambe. Qu’ils sachent que les élections c'est l'affaire de tous les Congolais avant tout, c’est le résultat de plusieurs années de combat révolutionnaire et non celui d’un piètre individu. Les Congolais ont plusieurs fois versé leur sang pour se faire entendre : les émeutes du 4 janvier 1959 et la marche des chrétiens du 16 février 1992 en disent long. C’était à l’époque où Jo Ka servait de larbin aux seigneurs de guerre qui sévissaient dans la jungle rwando-ougandaise.

Une fois de plus, au grand dam des tensions nerveuses ressenties dans le chef des partis politiques d'opposition flamands à l'annonce de la visite hypothétique du roi Albert II de Belgique en République Démocratique du Congo, l'élévation de Jo Ka au rang d'un des titres honorifiques les plus respectables au monde divisent intensément la classe politique belge. Beaucoup se sont déjà montrés farouchement hostiles à toute tentative allant dans ce sens. Une frange importante de l'Académie Royale de Belgique estime qu'il serait prétentieux et précoce d'attribuer de telles faveurs à Jo Ka qui indubitablement ne s'est distingué dans aucune oeuvre humanitaire singulière ou pensée humaniste qui l'immortaliserait. Ce n'est que du cinéma bas de gamme à petit budget, un médiocre stratagème pour procurer à l'ignoble apprenti président un titre de légitimation auprès des gouvernements occidentaux, des organismes humanitaires et de l'opinion publique internationale. Bref, c'est du lifting sur mesure, de la chirurgie esthétique !

Le titre de Docteur Honoris Causa est en ligne générale le fruit de plusieurs années de lutte contre les injustices, la détresse dans le monde, les oppressions, l'usage des armes pour régler les conflits, les violations des Droits fondamentaux et libertés individuelles, le despotisme, l'impérialisme, le néo-libéralisme, l'esclavage...Autant de maux qui rongent inexorablement le monde actuel et qui caractérisent la sphère politique de Joseph Kanambe et sa propre personne. De plus, pour se présenter aux présidentielles, Jo Ka a dû échanger son treillis contre le costard ; alors comment expliquer qu’une académie militaire s’empresse à décerner le titre de Honoris Causa à un civil. Ca manque de logique.

Inutile de coucher dans ces lignes des kilomètres d'abus en tout genre que ne cesse de commettre l’impotent président congolais. Je m'attarderai uniquement sur l'arrestation arbitraire de Maître Marie-Thérèse Nlandu (candidate aux dernières élections présidentielles et membre actif de l'opposition radicale au Congo, femme engagée dans la cause humaine et au profil typique de Ingrid Betancourt, mère de famille respectable) qui passe en ce moment-ci, en compagnie de sept autres détenus d’opinion (membres de son cocon politique, eux aussi passés aux oubliettes), d'effroyables journées, terrée dans le noir, sans aucune ressource vitale ni visite familiale et souffrant de plusieurs maladies en évolution inquiétante. Autres victimes de l'art de la terreur de Jo Ka : le Pasteur Kutino accusé à tort de détention illégale d'armes de guerre, le Commandant Edy Kapend qui a fait l'objet d'une parodie de procès en rapport avec la mort de Laurent-Désiré Kabila (le troisième Chef d’Etat congolais depuis l’indépendance, assassiné lâchement à l’issue d’un coup d’Etat militaire en 2001 que l’Angola et le Rwanda auraient fomenté avec la complicité des services secrets internationaux)...pour ne citer que ceux-là.

Nous sommes très loin de l'image de ses futurs confrères en la matière qui eux ont bel et bien mérité de grandes distinctions : Nelson Mandela, Gorbatchev, Jean-Paul Sartre, Jimmy Carter et bien d'autres qui ont brillé par leur don d'ubiquité en répondant à chaque fois présent là où le monde avait le plus besoin d'eux. Aujourd'hui encore, ils nous font profiter de leurs expériences pionnières dans le domaine de la chimie des idéologies fondée sur l'acceptation du principe de l'égalité et de la dignité humaine comme étant un fait naturel, un don de Dieu, et non un privilège d’où qu’il vienne.
Quoique symbolique, le titre de Docteur Honoris Causa suppose également un minimum de connaissances culturelles et intellectuelles pour défendre avec brio la cause humaine. J'aimerais savoir si Jo Ka est doué de cogito cartésien. A-t-il en préparation un ouvrage écrit de ses mains qu'il pourra soutenir à travers le monde en tenant des conférences sur des thèmes aussi sensibles et variés tels que l'hégémonie des multinationales, le réchauffement climatique, la tyrannie des nouvelles technologies, la mondialisation, le partenariat nord-sud, la pauvreté dans le monde, le commerce équitable, la dette publique des pays du tiers-monde, la criminalité ambiante, les nouvelles formes de violences, la lutte contre le terrorisme, etc. ? Je répondrai par la négation étant donné que lui même ne comprend absolument rien à tout ça. Il n'est qu'un instrument du capital mondial international comme des milliers d’autres contre lequel tout détenteur du titre qu'il brigue sans en avoir la consistance devrait lutter.


Il serait fort probable que par cette supercherie, Louis Michel et sa bande souhaiteraient officialiser l'arrivée de Joseph Kanambe en Belgique, prenant sa revanche sur le périple raté du roi Albert II au Congo, en organisant une cérémonie à l'issue de laquelle le petit rwandais à la tête du Congo pourrait recevoir son titre en présence des politiques belges et représentants des chancelleries.

Une voie royale pour se refaire une santé sur la scène politique internationale.
Qu’à cela ne tienne, je m'adresse personnellement à Louis Michel :
Avant l'assaut final qui mettra chaos lui et ses complices de tous bords, les Congolais de notre temps n'hésiteront plus jamais à sortir leurs plumes pour dénoncer tous les plans machiavéliques enfouis dans un coin de ses tiroirs et à faire valoir leur droit à l'autodétermination afin de recouvrer le chemin de la liberté quel qu'en soit le prix fort à payer. A mesure que les jours passent, les graines de la division qu'il a semées en nous, en montant les uns contre les autres, finiront par périr, si ce n’est déjà fait. Et c'est là qu'il se rendra compte de son fiasco politique en RDC qui aura comme conséquence immédiate, la fin de sa carrière politique, comme ce fut le cas avec un certain Wilfried Martens.
Freddy Tshamala


Critique politique et social

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