vendredi 23 mars 2007

La guerrilla urbaine dans les rues de Kinshasa



Par Raymond Luaula

Alors que les pillages de septembre 1991 et de février 1992 avaient fini par détruire le tissu économique de la ville de Kinshasa aggravant le chômage qui frappaient déjà les Kinois au point que seule l’économie informelle se porte bien à ce jour, voilà que la ville-capitale est livrée aux pillages auxquels s’adonnent à cœur joie ce vendredi des éléments des FARDC et des miliciens de Bemba Gombo rejoints par certains civils.


L’investisseur étant comme on le dit souvent un gibier peureux, c’est le pire message que Kabila et Bemba ont réussi à envoyer à l’extérieur. La preuve est ainsi administrée que le Congo à démocratiser demeure un pays à hauts risques. C’est bien dommage !


Selon plusieurs témoignages regroupés, les militaires des FARDC qui avaient pris position dans le secteur de la Gombe sont les premiers à s’être livrés aux pillages très tôt matin ce vendredi 23 mars. Les bureaux de l’Office des douanes et accises(OFIDA) ont été pris d’assaut au point que même des chaises en plastique ont été emportées par ceux qui sont pourtant sensés protéger les citoyens et leurs biens. Ainsi contrairement à la version officielle, les pillages au centre ville n’ont pas été l’œuvre de seuls militaires de Jean-Pierre Bemba.


Alors qu’on annonce que les troupes loyales à Kabila seraient maîtres de la situation sur la quasi-totalité de la commune de Gombe, les combats se sont déplacés vers les communes populaires. Ce qui aura pour conséquence de faire plus des victimes dans les rangs de la population civile. Il ne pouvait en être autrement tant il est fait état de deux tués à Bandalungwa, une femme et son enfant, par un obus fou tombé dans leur parcelle.


Alors qu’officiellement on soutient que les hommes de Jean-Pierre Bemba sont en débandade, ce qui ressemble plus à une communication de guerre, certaines sources rapportent qu’ils se sont emparés de l’aéroport de Ndolo.


Selon la radio onusienne Okapi, les militaires fidèles au président du MLC ont gagné des communes et quartiers populaires dont Barumbu, Kinshasa et Matonge. Dans ces conditions, il ne serait pas surprenant que Kinshasa ait ses zones de non droit comme ce fut le cas à Brazzaville lors des affrontements de 1997 entre les troupes loyalistes à Pascal Lissouba et les miliciens de Sassou Nguesso.


Sans être prophète des malheurs, Congoone affirmait il y a quelques mois que le pire était à venir, eh bien nous y sommes. Et le mandat d’arrêt lancé par le gouvernement Kabila-Gizenga contre Bemba Gombo, pourtant pressé hier par la MONUC à appeler au cessez-le-feu, ne semble pas de nature à ramener le calme dans les cœurs et les esprits plus que surchauffés.



CongoOne , Mise en ligne le 23-03-07

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